ARTICLE | German Staatstheater par Rosie Sommers et Micha Goldberg, c’est « Sehr Wunderbar »!
Diplômés respectivement de KASK (Koninklijke Academie voor Schone Kunsten Antwerpen) et de RITCS (Royal Institute for Theatre, Cinema and Sound), Rosie et Micha se sont rencontrés à la Volksroom, un espace off d'art performance à Bruxelles.
Du travail au Volksroom, dirigé par Simon Van Schuylenbergh, est née l'initiative Ne Mosquito Pas (ndlr : les artistes ont réfléchi à leur relation au succès et à l’échec, en travaillant avec des éléments de leur pratique qu’ils considèrent comme “râtés”. Les “scènes supprimées” sont le point de départ pour ces courtes performances, dans lesquelles ils interprètent une version négative ‘seconde main’ de leur pratique artistique, où la différence entre bon et mauvais goût importe peu).
C'est en partie de cette expérience de fonctionnement et de jeu qu'est née l'idée du German Staatstheater dont les Premières ont lieu les 8 et 9 février aux Halles de Schaerbeek, dans le cadre du festival biennal it takes a city.
Le grand « Théâtre d'État allemand » traditionnel est donc la source d'inspiration de Micha Goldberg et Rosie Sommers. German Staatstheater est un spectacle tragi-comique sur la charge de travail incessante que beaucoup d'entre nous subissent, entraînant stress et épuisement professionnel. Goldberg et Sommers remettent en question la monumentalité et la logique de production derrière cette méthode et la considèrent comme à l'opposé absolu de leur propre pratique théâtrale contemporaine. Ils se demandent si ce théâtre n’est pas un modèle pour les conditions de travail coercitives dans l’ensemble de notre société capitaliste. Le spectacle répond avec humour à une tradition allemande reconnaissable dans le monde du théâtre, sans tomber dans les clichés ni recourir à des parodies prévisibles. Au contraire, leur mise en scène essaie d'en égaler le sérieux et l'intensité. Avec un dévouement total, les créateurs utilisent la forme souvent exagérée de la pièce de théâtre classique pour célébrer son absurdité.
Treize acteurs créent collectivement une série de scènes aussi intenses qu’absurdes, qui amplifient l'épuisement pour révéler la tension de la société.
Ils décrivent les conditions de travail exigeantes, telles que nous les connaissons sur le lieu de travail dans de nombreux secteurs dans cette farce burlesque. L’engagement à se comporter comme ils pensent devoir se comporter en tant qu’êtres extrêmement » professionnels » finit par être grotesque ! Le théâtre est ici un lieu pour célébrer toute cette énergie « gaspillée » sous la forme d'un divertissement exubérant.