La Meute
t.r.a.n.s.i.t.s.c.a.p.e Pierre Larauza + Emmanuelle Vincent
Après 19xBXL, les Halles accueillent à nouveau le binôme t.r.a.n.s.i.t.s.c.a.p.e Pierre Larauza + Emmanuelle Vincent avec leur nouvelle création : La meute.
“Nos sociétés effacent nos corps vivants au profit d’une représentation par l'image. Nos corps oubliés, annihilés disparaissent dans le tumulte du capitalisme. Je crois au corps comme un outil de transformation sociale, de révolte, un moyen d’affranchissement collectif et individuel. Communiquer par le non verbal, par le souffle et le silence nous permet d’entendre les urgences et d’acter en être vivant.e.
Je suis marquée par notre relation en tant qu'être vivant aux autres êtres qui nous entourent, par nos façons d’habiter la terre, de cohabiter avec ces autres formes de vie. Il importe que l’humain s’interroge sur sa difficulté à reconnaître aux autres le statut d’habitants de la terre, elle-même épuisable et épuisée par l’humanité suprématiste. Je me questionne sur comment vivre le fait d’être vivant ; comment partager l’espace "territoire", accepter de faire de la place, apprivoiser et se laisser apprivoiser ?” E. V
La meute est une performance chorégraphique, sonore et visuelle sur le pouvoir d’être ensemble. Une ode au corps collectif, à nos corps animal.e.s qui se dressent, se redressent et s’adressent.
La meute est un pacte social qui prône l’émancipation pour s’affranchir de la captivité et de la domestication ; pour retrouver un cheminement intérieur hors des repères familiers, des violences structurelles et des conventions imposées par la société. Nous devons saisir l’urgence d'être vivant.e ou plutôt d’acter en être vivant. Respirer par les pores de nos corps tout entiers. S’unir au corps commun d’une meute. Le collectif au centre.
C'est en tant que femme militant pour une société plus solidaire que j'ai vu dans la structure hiérarchique des loups et louves une orée d'espoir dans la construction d'autres images sociales, et une proposition de faire foyer d’une façon différente. Je me situe hors de l'hétéronormativité - comme ensemble des normes qui érige un modèle unique de vie en société, idéal et supérieur - car elle est contraire à ma conception du foyer, plus large, plus englobante. Pour moi, un foyer, une meute, est composée de tous les amours que je partage, qu’ils soient d’une nature amoureuse ou amicale et incluant toutes les notions du vivant. Je pense que nous devons réinventer des manières de militer, d’habiter, de consommer, de faire famille, de vieillir ensemble et finalement, de prendre soin les un.es des autres.
Dans le cadre de cette nouvelle création avec mon binôme Pierre Larauza, nous sommes parti.e.s observer les loups dans la forêt nationale de Białowieża, site du patrimoine mondial protégé, où vivent 5 meutes. Nos pistages et nos affûts ont eu lieu dans un contexte politique particulièrement tendu.
En juin 2022, la Pologne, marquée par une crise frontalière avec la Biélorussie, dresse un mur anti-migrants dans le massif forestier. Sur une longueur d'environ 187 km, ce mur en béton, acier et barbelés de 5,5 mètres de haut est doté de capteurs et de détecteurs de mouvements. Les naturalistes et les écologues responsables du Parc national dénoncent une altération de la naturalité du site et un blocage de la circulation Est-Ouest pour les ours bruns, les loups, les lynx et d'autres espèces. L’État polonais affirme avoir prévu des passages pour les grands mammifères. Pourtant, selon des associations d'aide aux migrant.es, ces « portes de service » seraient en fait utilisées pour refouler vers la Biélorussie des migrant.es ayant réussi à passer la frontière. La forêt de Białowieża apparaît ainsi comme une zone de non-droit où les autorités polonaises agissent au mépris du droit international. En 2021, le président Duda a décrété l'état d'urgence dans la région de Białowieża, permettant d'exclure de la zone les journalistes, les ONG humanitaires, les Nations unies et Frontex, la police des frontières de l'Union européenne. Le gouvernement polonais traque dans la forêt les migrant.es qui tentent de passer, ainsi que les militant.es associatifs qui les aident. Le 12 juillet 2024, une loi abjecte a été promulguée par le gouvernement polognais : elle autorise les forces armées à tuer en toute impunité quiconque les mettrait en danger.
Du côté des loups, jusqu’ici protégés par la convention de Berne, relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe, la chasse revient aussi au goût du jour. Les États Membres de l’Union européenne se sont mis d’accord le mercredi 25 septembre 2024 pour demander la révision du statut de protection du loup établi dans la convention de Berne. Les “tirs-aux-loups” pourraient être autorisés dès lors qu’on considère le loup comme une menace.
Permis de chasse des exilés. Permis de tuer.
Permis de chasse du loup. Permis de tuer.
Humain.e, animal.e non-humain.e, qui doit avoir peur ?
Concept, chorégraphie et performance : Emmanuelle Vincent |Direction artistique et dramaturgique : Pierre Larauza et Emmanuelle Vincent | Scénographie et regard chorégraphique : Pierre Larauza | Matériel chorégraphique développé en collaboration avec les performeureuses : Adèle Bourret, Quentin Chaveriat, Marianne Chargois, Mathieu Dufourg |Création sonore et performance live : Summer Satana | Création lumière : Grégory Rivoux | Technicien arts textiles : Marian Eeckhout | Vidéo : Pierre Larauza | Montage vidéo : Thy Nguyên Truong Minh et Emmanuelle Vincent | Conseillère dramaturgique : Marianne Chargois | Assistant.es scénographiques : Malik Benkahla et Delce Roux | Régie générale : Eliott Janon | Régie plateau : Grigory Collomb | Conseiller en sonorisation : Serge Payen | Construction : Karl Autrique | Diffusion & médiation : Manon André Caminita | Production & administration : Sílvia Gutiérrez Kirchner | Stagiaires assistant.es chorégraphiques : Noah Rolland, Agathe Juvenez | Renforts production : Kathleen Franck et Karolina Szablowska | Spécialistes du loup : Fabian Brugmann et Adam Busko | Production : transitscape asbl | Coproduction : Les Halles de Schaerbeek, Charleroi Danse. La Coop asbl et Shelter Prod, avec le soutien de taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gouvernement fédéral belge.
Avec le soutien de : le BAMP, Central, Studio Thor. Avec l'aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Direction de la danse, Wallonie-Bruxelles Théâtre/Danse, la Commune d’Ixelles et la Cocof.