Des mots et des murs
"La confrontation à la mort nous met au pied du mur. Elle nous renvoie à une limite, à une frontière. C’est la fin d’une existence quel que soit le sens qui est donné à l’après. De la même manière que l’on peut - ou pas - donner un sens à l’après, on peut - ou pas - s’approprier cette limite... Ce mur peut être abimé, abandonné, vide de sens et de vie. Il y a des murs d’enceinte qui emprisonnent, au sein desquels on enferme et on isole. Il en est d’autres, au contraire, qui ont été travaillés pour être beaux, qui sont enjolivés par la nature ou par la main d’un artiste. Il y a des murs qui protègent, qui sont porteurs d’un message, d’un espoir et peut-être d’un sens partagé. Ils ouvrent à un autre espace, à un autre monde... En général, la vie ne nous permet pas de choisir ses limites, mais elle nous laisse la liberté de choisir notre manière de les envisager. Il existe des manières différentes de se rapporter aux limites de notre existence pour éviter d’aller « droit dans le mur ». La première étape de ce choix consiste à prendre conscience que le mur existe. Cela signifie qu’il faut apprendre à le regarder, qu’il faut apprendre à y faire face et à s’y mesurer. Il doit pouvoir faire partie des pensées et donc du langage qui exprime ces pensées."
Catherine Bert, docteure en philosophie, aborde dans le numéro 72 du magazine Kaïros, cette question de la limite que représente la mort. Le deuil, la perte, comment vivre avec nos morts, voilà les thèmes centraux de Chers de Kaori Ito.