Cher public
Cher public,
Il est très rare que je m’adresse directement à vous.
Cet automne, vous avez assisté aux représentations de Laboratoire Poison, d’Adeline Rosenstein, ou encore de Koulounisation, de Salim Djaferi.
Sans doute serez-vous sensible à la dernière création de Maguy Marin, Y aller voir de plus près, que nous présentons jusqu’au 10 mars.
Je sais que c’est une pièce âpre. Aux premières représentations, le public et la critique l’ont accueillie avec difficulté. C’était au festival d’Avignon, et l’on s’attendait au retour d’une Maguy Marin tout de même dansante.
Mais non. On n’y danse pas. C’est une pièce de guerre, une pièce sur la guerre : sur la mère des guerres d’Europe, la guerre du Péloponnèse.
C’est une exploration des sources conflictuelles de l’Occident, une lecture suivie de Thucydide, mise en regard des gesticulations politiques contemporaines.
C’est une pièce qui demande beaucoup au public, et qui n’hésite pas à jouer aussi sur ses nerfs, à dérouler l’interminable fil jusqu’au bout : la guerre est antique, et elle n’est pas douce.
Sans doute, l’été dernier, cet objet à la scénographie magnifique déroutait totalement les attentes. Pourquoi évoquer la guerre en période de Covid.
Dans le contexte d’aujourd’hui, elle sonne tout autrement.
J’espère que vous voudrez bien, cette semaine, nous aider à Y aller voir de plus près.
Christophe Galent, Directeur des Halles de Schaerbeek