Un nouveau gadget : le laissez-passer sanitaire
Par Christophe Galent
Européen comme national, notre personnel politique aurait-il besoin de vacances ?
Epuisé par la crise, il n’arrive plus à tenir un raisonnement correct.
Prenons pour exemple l’agitation autour du laissez-passer sanitaire. Que nous dit-on ? A partir du moment où toute la population aura eu l’opportunité de se faire vacciner, il deviendra légitime d’interdire aux non-vaccinés l’accès aux secteurs non-essentiels.
Il faut être bien fatigué pour raisonner si mal.
Reprenons.
Chacun, bientôt, aura eu l’opportunité de se faire vacciner.
Tous les vaccinés seront alors protégés.
Ils n’auront donc rien à craindre des non-vaccinés.
Les uns et les autres peuvent dès lors se côtoyer sans risque.
Conclusion évidente : le laissez-passer sanitaire ne sert à rien.
D’autant que, le parti vaccinal étant donné largement majoritaire, l’immunité globale sera acquise.
Le laissez-passer sanitaire est donc inutile, sauf à entretenir l’impression qu’on fait quelque chose.
Certes, notre personnel politique a besoin de démontrer son zèle.
Mais souvenons-nous : des quantités industrielles de masques non conformes, achetés dans l’urgence, nous ont déjà fait perdre quelques millions.
Le laissez-passer sanitaire ouvre, lui aussi, un marché juteux. Songeons à ce que demande la mise en place, à l’échelle de l’Europe, d’un laissez-passer numérique. Il faut construire des interfaces complexes, développer des applications et passerelles vers un très grand nombre de secteurs, obliger des dizaines de milliers de structures à acheter de nouveaux équipements et/ou de nouvelles licences d’exploitation, assurer le traçage de toutes les entrées et consommations, de la coupe chez le coiffeur du coin à la bière dans un bar de vacances, jusqu’aux bases de données centrales. Cela va coûter, au minimum, des dizaines de millions d’euros. Et plus probablement des centaines.
Est-il vraiment nécessaire de dépenser autant d’argent public pour un gadget sans intérêt ?
On aimerait entendre notre personnel politique relancer plutôt le financement de la recherche publique, s’interroger sur la légitimité des profits des laboratoires (les bénéfices de Pfizer sont manifestement disproportionnés : le groupe a payé sans sourciller 2, 3 milliards de dollars d’amende pour promotion abusive de médicaments aux effets indésirables avérés), ou appeler aux côtés des prix Nobel à la levée des brevets d’exploitation des vaccins.
On aimerait, de manière plus large, entrer enfin dans une réflexion sur une nouvelle vision de la société, accordée aux vrais enjeux du siècle.
Bref, nous aimerions que notre personnel politique arrête les effets de manche, et se remette à travaille en profondeur et à long terme pour l’essentiel : l’avenir commun des vivants.
Mais il est compréhensible que notre personnel politique soit fatigué.
Soyons donc indulgents. Et, surtout, aidons-les désormais à mieux raisonner, à moins mal décider.