Quand Anish Kapoor rencontre Catherine Diverrès
C’est en 1995 avec la création « l’Ombre du ciel » que Catherine Diverrès confronte la chorégraphie aux arts plastiques de celui qui deviendra un des plasticiens les plus célèbres du monde, Anish Kappor.
Fortement influencée par la pensée orientale, la chorégraphe française a trouvé en la personne de l’artiste Anish Kapoor (Anglais d'origine indienne) une possibilité de travailler aux va-et-vient des imaginaires. L'un et l'autre travaillent en fait sur la métamorphose, le passage, la transformation. Ils se confrontent à l’intranquillité du sol, matière appelée à se dérober, toile mouvante sur laquelle les danseurs portent leurs pas et leur imaginaire. Un dialogue de fractures et d’apparitions.
Les premières créations d’Anish Kapoor sont imprégnées de sa culture natale. A la fin des années 1970, il sculpte le pigment brut, réinterprétant de façon géométrique les petits tas de couleurs rappelant ceux des marchés indiens. Dans les années 1980, il s’intéresse davantage à la matière. Ses sculptures déjà surprenantes lui donnent accès à une reconnaissance internationale. Il n’est pas seulement apprécié pour ses prouesses techniques, ses œuvres ont pour particularité de toucher le spectateur aussi bien mentalement que physiquement. Bien plus que d’être vues, ces œuvres se vivent. Les formes simples, incurvées et les couleurs intenses troublent le spectateur, il prend conscience de son état dans l’espace mais aussi de façon plus existentielle.
Succès story et scandales…
Et sa carrière a vite pris des allures de success story. En 1990, il représente la Grande-Bretagne à la Biennale de Venise. L'année suivante, il remporte la récompense suprême, le Turner Prize. Entre tradition orientale et culture occidentale, il s'est fait connaître par ses sculptures revêtues de pigments purs et par ses œuvres miroirs qui provoquent le vertige. D'autres, aux formes inquiétantes, de ciment ou de cire, se sont ajoutées, semblant convoquer les forces archaïques.
Les plus grands musées lui ont donné carte blanche, de la Tate Modern à Londres au Guggenheim de Bilbao. Et il a aussi investi l'espace public de pièces monumentales, tel Cloud Gate, ellipse d'acier poli de 100 tonnes, réfléchissant nuages et gratte-ciel en plein Millenium Park, à Chicago.
A Versailles en 2015, ses sculptures monumentales investissent le château de Versailles. Et ce n’est rien de dire que l’artiste ne laisse pas indifférent. Celui qui voulait « inviter le chaos à Versailles » a très bien réussi, notamment avec son œuvre « Dirty corner » ou le vagin de la Reine.
Comme le soutenait Pablo Picasso à propos de son œuvre Guernica, "La peinture n'est pas faite pour décorer les appartements ; c’est une arme, offensive et défensive, contre l’ennemi".
Sous cet angle, il est possible de considérer qu’Anish Kapoor, un des artistes plasticiens les plus chers du monde, a parfaitement suivi les enseignements du maître espagnol ! Et vous, qu’en pensez-vous ?