Reclaim, un mot pour de multiples luttes
Reclaim (v.) (Traduction littérale) réclamer (v.)
XIIe siècle. Du français moderne « réclamer », latin reclamare "crier contre, contredire, protester, faire appel", de re- "opposé, contre" (voir re-) et de clamare "crier" (de la racine PIE *kele- (2) "crier").
Le sens de "récupérer par l'effort" pourrait refléter l'influence de la revendication.
Relatif : Récupérer ; reconquérir.
Reclaim est un terme anglophone pouvant signifier « reprendre possession ». Il est traduit « résistance » par le metteur en scène Patrick Masset, c’est selon ses mots « se rendre capable de récupérer, de se réapproprier ce dont on a été séparé ». D’un point de vue plus global, reclaim est souvent utilisé pour représenter la lutte des minorités et les courants idéologiques comme l’écoféminisme dont l’origine est attribuée à l’essayiste française Françoise d’Eaubonne en 1974.
De la lutte revendicative
L’écoféminisme a ensuite été réapproprié par des féministes anglo-saxonnes qui lui ont donné une dimension revendicative et politique. Globalement, l’écoféminisme se démarque des militantes féministes radicales par leur classe sociale moins aisée1 (grassroots2), concerne des questions environnementales ou écologiques (de la défense de pratiques d’agricultures plus respectueuses de l’environnement à la dénonciation des pollutions diverses) et est principalement composé de femmes3.
A la reconnaissance des droits
Si l’on regarde du côté nord-américain, « reclaim » est attribué aux droits autochtones. On retrouve dans le processus de reconnaissance des minorités colonisées cette nécessité de lutter contre la domination en étant consultés dans les décisions politiques. Par exemple, pour les premières nations autochtones d’Amérique du Nord (Inuit, Métis…), le processus de reconnaissance des droits a été tardivement enclenché.4 L’idée associée au reclaim est de « reprendre soin »5 des terres, revitaliser les sols, les langues, les savoirs.6 Enfin, l’on pourrait brièvement introduire le dérivé « reclaiming ». Il désigne une tradition moderne de sorcellerie combinant un culte de la nature conçu sur la spiritualité (Wicca) avec le féminisme et l’activisme politique crée par la sorcière californienne Starhawk7, qui est aussi professeure et militante pour les droits des femmes et pour l’écologie.
Ces luttes revendicatives et processus de reconnaissance ont pour point commun d’établir la résilience (communautaire, personnelle ou sociétale…).
Reclaim est donc un mot lourd de sens que Patrick Masset emprunte pour nommer sa nouvelle création, un exutoire de forme circulaire cherchant l’antidote à la violence dans le but de se réconcilier avec le vivant.
1 Emilie Hache, « Reclaim. Recueil de textes écoféministes », Paris, Éditions Cambourakis, coll. « Sorcières », 2016.
2 La base
3 Larrère, Catherine, « L’écoféminisme ou comment faire de la politique autrement », Multitudes, vol. 67, no. 2, 2017, pp. 29-36.
4 R. Walker, T. Jojola et D. Natcher (éd.), 2013, Reclaiming Indigenous Planning, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 536p.
5 Le terme initial est celui de la possession (reprendre possession). Or pour les premières nations en Amérique du Nord il n’existe pas de notion de propriété (matérielle, terrestre, etc.). L’humain doit prendre soin de la terre, elle ne lui appartient pas.
6 Glossaire, « Reclaim ». PALAIS DE TOKYO, < https://palaisdetokyo.com/glossaire/reclaim/>
7 Ibid