"The flavour is us" - Four questions to Steven Cohen
By/Par Martín Zícari
[EN]
In the run up for the much-anticipated Belgian premiere of Boudoir by Steven Cohen, we had the chance to talk with the South-African legend about his creative process and inspirations.
Until now, your work focused on the public space and on the over exposition of the body on stage. In ‘Boudoir', in contrast, you’ve chosen to place the performance in an intimate and private space. How has this decision changed the creative process, the creation of the piece itself, compared to your previous work?
At the risk of sounding like an out-dated feminist, the private is political. So by entering the BOUDOIR, you are not leaving the world, you are bringing the world in at the same time that you are being the BOUDOIR itself … and the art is there as a catalyst in a collision. BOUDOIR is a soup boiled up from the bones of my previous works and experiences, but it is dished up in a whole new way. I have never before combined performance, installation, visual art and video simultaneously in this concentrated form.
Also, I must say that I think that private space is the new public space, specially nowadays with tools like Zoom and social media which allow the digital transportation of strangers into our personal space at the tap of a keyboard. We reach more people with a digital presence than with a physical one. But I am a die-hard old-school artist who believes that only physical real-life encounters can be truly orgasmic. The energy of our physical proximity, as we share the space, is the pepper in the pot … and the flavour is us.
Furniture and body run somehow parallel in your new piece, not as static objects but as the subjects of constant transformation and mutation. If the furniture’s materiality is iron or other metals, wood, fabric, etc. which is the materiality of the body on stage? And what transformations these ‘bodily materials’ suffer throughout the new piece?
All of the objects in the BOUDOIR are imbued with the energy of their experiences. I see my body as just another object although vibrating at a higher frequency than the furnishings, and one that is able to more eloquently speak the secret soul language of being alive that humans share. The immateriality of the body is its power, the space starting just outside of my flesh which radiates energy and defines presence. BOUDOIR functions as a suture that seals and as a speculum that reveals … both in the name of healing. This is a work concerned with the aesthetics of the 1800’s, the events of the 1900’s and the ethics of the twenty-first century - in an attempt to forge the possibility of a brighter future from the darkness of the past.
I’m curious about the format of the show as Installation/performance and some of the co-producer being galleries or exhibition spaces. Do you imagine a spin off version of ‘Boudoir' that could exist without the stage? Even without the performer?
I can well imagine BOUDOIR existing without the stage, and yes, even without me performing live within it. The only essential element of the work outside of itself is you, the participant-observer who resuscitates and activates the art. BOUDOIR only exists while you experience it or if you retain a memory of it.
To finish, tell us about one emergent artist that inspired/influenced you in the creation of Boudoir.
A great inspiration in BOUDOIR has been the unforgettable way of being of a young creative that I met while giving performance art workshops to students at the school of the National Theatre of Brittany. His name is Maxime Thébault and you will get to know him in his own right as he is a rising star of stage and film in France. BOUDOIR was concerned with the present and the past until Maxime unknowingly gave me the key to the future. Time is both the paint and the canvas of BOUDOIR and sharing space is a privilege which covid taught us not to take for granted. Maxime taught me time … and to trust that art is safe in the hands of the next generation.
[FR]
À l'approche de la très attendue première belge de « Boudoir », de Steven Cohen, nous avons eu la chance de nous entretenir avec la légende sud-africaine sur son processus créatif et ses inspirations.
Jusqu'à présent, votre travail s'est concentré sur l'espace public et sur la surexposition du corps sur scène. Dans "Boudoir", en revanche, vous avez choisi de placer la performance dans un espace intime et privé. Comment cette décision a-t-elle modifié le processus créatif, et la création de la pièce elle-même par rapport à vos travaux précédents ?
Au risque de passer pour un féministe un peu old school, le privé est politique. Ainsi, en entrant dans le BOUDOIR, vous ne quittez pas le monde, vous y faites entrer le monde en même temps que vous êtes le BOUDOIR lui-même... et l'art est là comme catalyseur d’une collision. BOUDOIR est une soupe bouillie à partir des os de mes œuvres et expériences antécédentes, mais elle est servie d'une manière totalement nouvelle. Je n'ai jamais combiné simultanément performance, installation, art visuel et vidéo dans une forme aussi concentrée.
De plus, je dois dire que je pense que l'espace privé est le nouvel espace public, surtout de nos jours avec des outils comme Zoom et les médias sociaux qui permettent le transport numérique d'étrangers dans notre espace personnel en tapant sur un clavier. Nous touchons plus de gens avec une présence numérique qu'avec une présence physique. Mais je suis un artiste de la vieille école qui croit que seules les rencontres physiques dans la vie réelle peuvent être véritablement orgasmiques. L'énergie de notre proximité physique, lorsque nous partageons l'espace, est le poivre dans la casserole... et la saveur, c'est nous.
Le mobilier et le corps sont en quelque sorte parallèles dans votre nouvelle pièce, non pas en tant qu'objets statiques mais en tant que sujets d'une transformation et d'une mutation constantes. Si la matérialité du mobilier est le fer (ou d'autres métaux), le bois, le tissu, etc., quelle est la matérialité du corps sur scène ? Et quelles transformations subissent ces "matériaux corporels" tout au long de la nouvelle pièce ?
Tous les objets du BOUDOIR sont imprégnés de l'énergie de leurs expériences. Je vois mon corps comme un objet parmi d'autres, bien qu'il vibre à une fréquence plus élevée que le mobilier, et qu'il soit capable de parler avec plus d'éloquence le langage secret de l'âme d'être vivant que les humains partagent. L'immatérialité du corps est son pouvoir, l'espace commençant juste à l'extérieur de ma chair qui irradie l'énergie et définit la présence. BOUDOIR fonctionne comme une suture qui scelle et comme un spéculum qui révèle... tous deux au nom de la guérison. C'est un travail qui s'intéresse à l'esthétique des années 1800, aux événements des années 1900 et à l'éthique du XXIe siècle - dans une tentative de forger la possibilité d'un avenir meilleur à partir de l'obscurité du passé.
Je suis curieux du format de l'exposition en tant qu’installation/performance et du fait que certains des coproducteurs sont des galeries ou des espaces d'exposition. Imaginez-vous une version dérivée de "Boudoir" qui pourrait exister sans la scène et/ou sans l'interprète ?
Je peux très bien imaginer BOUDOIR exister sans la scène, et, oui, même sans moi qui joue à l'intérieur. Le seul élément essentiel de l'œuvre en dehors d'elle-même, c'est vous, le participant-observateur qui ressuscitez et activez l'art. BOUDOIR n'existe que si vous le vivez ou que si vous en gardez un souvenir.
Pour finir, parlez-nous d'un artiste émergent qui vous a inspiré/influencé dans la création de Boudoir.
Une grande inspiration dans BOUDOIR a été la façon d'être inoubliable d'un jeune créateur que j'ai rencontré en donnant des ateliers d'art-performance aux étudiants de l'école du Théâtre National de Bretagne. Il s'appelle Maxime Thébault et vous apprendrez à le connaître car il est une étoile montante de la scène et du cinéma en France. BOUDOIR s'intéressait au présent et au passé jusqu'à ce que Maxime me donne, sans le savoir, la clé du futur. Le temps est à la fois la peinture et la toile de BOUDOIR et le partage de l'espace est un privilège que le covid nous a appris à ne pas tenir pour acquis. Maxime m'a appris le temps ... à croire que l'art est en sécurité entre les mains de la prochaine génération.