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Alexander Vantournhout - Au-delà du cirque / Beyond circus

par/by Martin Zicari

 

[FR]

Alexander Vantournhout est le directeur artistique de la compagnie not standing. Sorti de l'ESAC et de P.A.R.T.S., le langage physique de Vantournhout porte les influences du cirque et de la danse contemporaine, faisant de son travail l'un des plus singuliers de la scène bruxelloise. Il est artiste associé à VIERNULVIER (Gand), au Cirque-Théâtre (Elbeuf) et au CENTQUANTRE (Paris). A l'approche de sa nouvelle pièce SUCRIC, dans laquelle il circographie les étudiants de l'ESAC (Ecole Supérieure des Arts du Cirque, Anderlecht), nous l'avons interviewé pour mieux connaître son travail, et en particulier le rôle de la collaboration dans son processus créatif et du langage du cirque sur la scène bruxelloise.

Martin Zicari : Dans SUCRIC, tu proposes une collaboration aux étudiants de l'ESAC. Comment envisage-tu cette collaboration et pourquoi est-ce si important pour toi de créer la pièce de cette manière ?

Alexander Vantournhout : La collaboration commence lorsque, avec Axel Guérin (*) et Emmi Väisänen (*), deux proches collaborateurs de not standing, nous découvrons et choisissons les propositions des étudiants. Dans ce processus, nous les encourageons constamment à imaginer des manières collaboratives d'intégrer leur formation en cirque. Nous leur demandons de réimaginer le dispositif circassien, de se demander comment leur discipline peut devenir collaborative. Par exemple : utiliser le bras de quelqu'un au lieu d'un trapèze, ou une personne suspendue entre deux statifs qui devient une corde molle sur laquelle on peut marcher, ou une personne qui remplace l'attache du cerceau aérien, ou une robe qui devient la soie aérienne d'un acrobate, etc.

MZ : Il est intéressant de voir comment la collaboration peut être à la fois une éthique dans la pratique artistique, et, dans ce cas, une question très pratique, comme intégrer le travail de toute une classe d'étudiants.

AV : Le spectateur verra toute l'étendue du cirque, le trapèze, la jonglerie, l'aérien, le mat chinois,... tous légèrement réinterprétés ou tordus. Rien ne sera exécuté dans sa constellation normale. Nous aurons toujours besoin de la présence de l'autre pour activer la discipline. Que faisons-nous si la corde molle n'est pas assez longue ?  Un circassien s'interpose et maintient deux bouts de corde ensemble, facilitant ainsi le passage du funambule. Le groupe d'étudiant est diversifié, composé d'environ 10 nationalités et autant de disciplines. Chacun apporte sa contribution au cirque. Il s'agit donc d'un mélange de styles, de disciplines, qui sont reliées au niveau conceptuel.

MZ : Quel est le rôle du cirque et de son langage dans votre travail ? Que peut apporter le langage du cirque à la scène performative bruxelloise ?

AV : Le cirque a été ma porte d'entrée dans les arts du spectacle et reste très important à mes yeux. Même si, dans mon travail, je suis intéressé par l'expérimentation des contours de ce que pourrait être une œuvre circo-chorégraphique, je m'inspire toujours des ingrédients classiques du cirque. Par exemple, la relation interdépendante avec les objets (les objets dans le cirque sont une partie indispensable du langage corporel, comme les crampons d'alpinisme d'un grimpeur), qui est si claire dans le cirque, revient généralement dans mon travail. Il en va de même pour l'utilisation de langages gestuels non normatifs, particuliers, hors du commun, qui restent des éléments clés du travail de ma compagnie not standing.

Quoi qu'il en soit, je dirais que c'est davantage le concept qui détermine le langage que nous allons utiliser, plutôt que la discipline. Par exemple, dans 'Through the Grapevine' nous voulions explorer les proportions du corps, dans 'Snakearms' la rareté du toucher (après 2019). Peu importe le langage ou la discipline avec lequels nous communiquons, c'est toujours par et à travers le corps... L'expression passe par le mouvement.

À cet égard, pour conclure, je pense que la scène bruxelloise pourrait penser moins en termes de disciplines et plus en termes de discours. Plus en termes de ce que les artistes veulent dire au public. Au-delà des disciplines.

 

[EN]

Alexander Vantournhout is the artistic leader of company not standing. Having studied in ESAC and P.A.R.T.S., Vantournhout’s physical language bears the influences both of contemporary dance and circus, making his work one of the most distinctive of the Brussels scene. He is now an associated artist of VIERNULVIER (Ghent), Cirque-Théâtre (Elbeuf) and CENTQUANTRE (Paris). In preparation for the upcoming piece SUCRIC, in which Alexander Vantournhout collaborates with the students graduating from ESAC, we interview him to get to know his work a little better, focusing on the role of collaboration in the creative process and the language of circus in the Brussels performance scene.

Martin Zicari : In ‘SUCRIC’ you propose a collaboration with ESAC's graduating students. How do you envisage this collaboration (in the level of content, artistic direction, etc) and why is it important to create the piece in this way?

Alexander Vantournhout : The collaboration starts when we, together with Axel Guérin (*) and Emmi Väisänen (*), both close collaborators of mine in 'not standing', read through and filter the many propositions of the students who are graduating from ESAC. In this process we are constantly encouraging students to imagine collaborative ways of integrating their circus education. We asked them to re-imagine the circus apparatus, and question how their discipline can become collaborative. For example, we try to use someone’s arm instead of a trapeze, or a hanging person between two 'statifs' becomes a slack rope to walk over, or situations in which a person replaces the sling and attachment of the aerial hoop, or a dress might become the silks of an aerialist and so on and so forth.

MZ : It’s interesting how collaboration can be thought of a specific ethic in artistic practice, but also in this case it comes from a really practical matter, meaning how to integrate the work of a whole class of students.

AV : The spectator will see the whole scope of circus, the trapeze, juggling, arials, chinese pole... all slightly newly reinterpreted, and twisted, nothing is executed in its normal constellation. We always need the presence of the other to 'activate' the discipline. What do we do if the slack rope of a tightwire is not long enough? Another circassien jumps in, and holds the two pieces of rope together, facilitating the tightropewalker to walk across. It is a diverse group of about 10 different nationalities and dicplines, where everyone contributes with their circus. Therefore, it is an assumed mickmash of styles, disciplines and multiplicities, but bound more on a conceptual level.

MZ : What is the role of circus and its language in your work? In your opinion what can the language of circus bring to the performance scene in Brussels?

AV : Circus was my entrance door to the performing arts and stays very dear to me. Even if in my work I am interested in experimenting with the borders of what a circo-choreographical work could be, I still draw from classical key-elements of circus. For example, the intra-dependent relationship with objects (the objects in circus as indispensable part of the body language, like the alpinism crampons of a climber) that’s so clear in circus comes back in my work usually. Also the use of non-normative, peculiar, out of the ordinary movement languages, all of which remain key elements of the work of my company 'not standing'.

Anyways, I would say that it’s more the ‘concept’ which determines the language we will be using, rather than thinking only on disciplines. For example, in ‘Through the Grapevine’ we wanted to explore the body proportions, or in ‘Snakearms’ the scarce of touch after 2019, and it does not matter anymore which language or discipline we communicate it in, it’s always through and by the body…. The expression is through movement.

In that regard, as a closing, I think that the rich performing arts scene in Brussels could think less in disciplines and more in ‘discourses', more in what artists want to communicate with the public, going beyond disciplines.

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(*) Biographies :

Axel Guérin is a Belgian-born acrobat, that studied at Circomedia, Bristol (UK) and at Fontys (academy of circus and performing arts), Tilburg (NL). Throughout the last four years he collaborated as a performer and movement assistant with not standing for Red Haired Men, Screws, Through the Grapevine, Snakearms and Foreshadow.

Emmi Väisänen is a close collaborator of Alexander, joining him in his research and as a performer for Screws, Through the Grapevine, TWICE, Contre-jour, Snakearms and Foreshadow. Emmi studied dance at Turku Conservatory in Finland and S.E.A.D (Salzburg Experimental Academy of Dance), Austria. After graduating, she has worked with choreographers such as Alexandra Waierstall, ECCE/Claire Croizé & Etienne Guilloteau, Julia Schwarzbach and Rakesh Sukesh.