Joachim Siluè, vanités contemporaines
Né en 1972 à Abidjan, Kagnedjatou Joachim Silué a étudié les beaux-arts à Bologne.
Inspirées par le genre des natures mortes, ses installations, entre peinture et sculpture, évoquent des vanités contemporaines. Redonnant à des matériaux prévus pour les rebus une seconde vie, Silué offre une réflexion littérale sur le passage du temps qui change en ordures des objets qui ont pourtant été tant désirés. D’objets de consommation à détritus, Silué ressuscitent ces matériaux pour les élever au statut d’œuvre d’art : bitume, fil de fer, et bois usagés sont autant d’éléments constitutifs de ses œuvres.
Renouant avec la tradition de l’Arte Povera, dont les racines sont à trouver dans son pays d’accueil, Silué réinsuffle de la noblesse dans ces matériaux perçus a priori comme dérisoires. A priori seulement, car ces objets sont au contraire riches d’une histoire, d’un passé et d’une forme de souffrance qu’ils ont absorbés et qu’ils exhalent subtilement.
Joachim Silué, qui enseigne les arts visuels au Musée Municipal d’Archéologie de Modène, a été sélectionné pour participer à la deuxième édition d’IN-DISCIPLINE, programme d’aide à la création initié par la Fondation Montresso, résidence et espace d’art à Marrakech.
Dans le cadre de Bruxelles / Africapitales Joachim Silué produira aux Halles, durant trois semaines de résidence, une série de pièces réalisée in situ. À la fois allégorie de la vacuité du temps qui passe et critique d’une société mortifère qui, cyniquement, laisse des peuples se perdre dans les déserts et se noyer dans la méditerranée, les installations de l’artiste ivoirien donne à voir le drame existentiel du monde contemporain.